VERSAILLES ANNÉE ZÉRO

JE MÉPRISE L'AMOUR
J'AIME BEAUCOUP LA VIANDE
SAUF SI C'EST SOUS LA PLUIE
QUAND ELLE EST BIEN CUITE


Fatalement et comme il est inhumain d'être libre je vous reviens. J'ai pensé m'allonger tout doucement sur le lit de mes pensées puis naturellement contempler l'euphorie qui règne dans ma salle d'attente et parfois pointer du doigt ce qui m'irrite au crâne. Grotesque baliverne.

Je reprends, tout de romain rouge vêtu, et d'une main résignée par une plume trop lourde à contenir, le récit versatile de l'extrême vacuité de mon être, piégé dans ma versaillaise situation.

La rentrée s'avance et avale tout sur son passage, je suis pour un an de plus militairement estudiantin, comme le porte à croire l'incommensurable austérité des façades du Lycée.

Cependant, ce n'est pas l'objet du fulgurant désir qui m'amène à débroussailler cette rouge page, mais quand on s'emmerde violemment on explore sans peine tous les recoins du vide.

JE M'AIME BEAUCOUP MIEUX
ON PEUT ÊTRE POÈTE
PLUS QUE TOUS LES AUTRES
S'OBLIGEANT À L'ENNUI


Comment peut-on avoir "l'ambition" être critique ?

??

Merde. Au secours. Je suis fatigué. N'empêche que je ne vois pas en quoi la prépa nous aiderait à sortir héroïquement de la voie de formatage sur laquelle nous ont insidieusement conduit nos savoureuses années de lycée, m'enfin.

Toujours est-il qu'au quatorze septembre au soir ressembleront bien d'autres soirs.

Il est bien tard, les arbres poussent
Les souvenirs mûrissent
On a parlé dans des jardins d'été qui se nie
La nuit se noircit dans mes yeux qui baillent

T'inquiètes, ça va bientôt devenir intéressant

Je suis venu te dire que je m'en vais


La renaissance haschichine désormais se fera par tradition orale qu'on se le dise mes voiles s'essoufflaient je m'en vais donc comme j'étais venu et comme je quitte Paris pour un moment je quitte cette escale rouge à jamais sur le quai du dernier port où se sècheront les bavures de mon encre d'écume je laisse ces derniers regards en attendant que le chemin de terre m'emmène vers le Finistère je prends ma powêsie et m'en vais sans rien dire si ce n'est qu'à l'avenir nous nous retrouverons dans quelque libraire où au hasard d'une rue pour parler de la vie et du monde qui choit c'est promis


maintenant les yeux morts hélas oui je vous quitte
tandis que mes pas mornes suivent l'inconnu
le lieutenant se saborde et saigne sur la crique
quel mois spécial alors ce juin que j'ai vécu
**
**
ADIEU
ADIEU

ANTI-STYLE

Si l'heureux cueille et avance à grandes foulées pour mieux tomber de temps à autre, il ne sera qu'une vulgaire œuvre de jeunesse à l'instar de l'ensemble de mes écrits poèmes et articles ici postés et encore gorgés de certains clichés tenaces ou claudiquant par quelque négligence stylistique ou penchant regrettable pour tout ce que tout le monde a toujours voulu.

Maintenant, le style, le vrai, universel c'est impossible, mais le style éclatant qui rouvre grand les portes de la poésie et de la perception que l'on avait plus. non pas celui hermétique ou dit trop élitiste pour que l'on n'y décèle guère l'homme qui se regarde écrire mais le style où chaque obstacle est franchi et affranchi avec aisance et où subitement les vers explosent comme un flash sorti des profondeurs de la nature. Le style qui donne le premier émoi qui recrée comme chez Bonnefoy la vision de l'enfant mais non pas enfantine du monde géant qui soudain s'illumine.


Le style et pour cela la purge la vidange le dégraissage le nettoyage propre et net d'abord du vers qui est le mien. Accoucher de l'horrible et dénaturer le vers pour y mettre tout ce dont d'habitude il s'écarte. Racler la cuve poétique de toutes les moisissures que ma plume depuis trop longtemps nourrissait sans scrupules. Redevenir l'amoureux de l'instant et revenir au vers nouveau se fait dans les larmes et les soupirs demandez à Maupassant pour qui n'est pas né dans une lampe qu'aurait frottée Wilhelm l'ancien plombier.

(d'abord lutte dispute et soi-même engagé dégager comme forçat d'une traite enfin pour y finir seulement qu'une fois peut-être sera là suffisante belle ou pas exécrable sinon vaine pour qui les yeux ralentissent dessus ces quelques pierres séchant infiniment puis et j'aurai ma part terminé parce que les pouvoirs de naître avant sera dès l'or nouvellement incarné d'été l'esthétisme)

Pour ce faire sans encombres c'est un recueil ainsi qui va désannoncer tout ce que sera plus tard ma poésie un recueil en guise de fosse ou de vide ordures ou seront déversés tout simplement mes relents dégoûtants d'humanité platement sophistiquée ; pas de meilleure formule n'est-ce pas ? je vous aimais.

Ce sera comme un recueil travaillé par les mains malhabiles d'un apprenti charpentier qui ne sait pas écrire, ce sera la dénaturation du vers et l'assassinat du poétique, cela sera l'anti-style.

la clope de 22h43

elle au moins, n'en a pas après mes cheveux

le baiser des roses


Le manque

Déjà que le soleil s’en est allé chez des gens sombres
Alors que dans ma chambre il n’y a ni lueurs ni ombres
Les corbeaux sous la lune déambulent en croassant
Et couvrent tous tes mots qui vont se noyer dans l’étang


Je ne vois que ma peine qui m’appelle de surcroît
Plantée comme une lame invisible dans la paroi
De la nuit maturée par une lune timorée
Où se cachent des souvenirs mauves déshonorés

L’étreinte manquée de nos voix s’est ancrée dans mon rêve
Cette calèche ailée qui a perdu toutes ses fèves
Ne transporte qu’un laconique filet de pensées
Dénué de tous les charmes qui dans nos yeux dansaient

Des giroflées kaléidoscopiques maintenant
Se gonflent et se dissolvent dans mon noir plafond ronflant
L’heure est alors hilare pour l’opportuniste diable
Qui prit entre ses dents mon cœur et l’incendia bleu

J’étais jeté taiseux à des mondes démoniaques
Démuni j’errais seul sans aile et sans ammoniac
Sans aucun autre ersatz que l’image de ce seul feu
Ce seul doux feu paisible qui m’arrache au monde hideux

Eloge de la paresse - prologue


Paris vous apprend l'art de se glisser subrepticement derrière la plus belle fille qui paiera votre transport avec les communs.
je vous ai vu faire dit la jupe rouge dans un accent allemand suffisamment faible pour qu'il en devienne charmant, je suis innocent suffit à provoquer l'éclat de rire des trois valseuses d'outre-rhin. péronnelles.

au commencement était le bar le syphax, ligne 12 métro notre dame de lorette sortie rue chateaudun, une longue rue parcourue par des chauffards à gyrophares bleus allant tout azimut. le syphax donc, modeste et Nième bar où la porte des toilettes reprend l'inusable paire de panneaux battants qui faisait tout le rustre chaleureux du saloon de lucky luke.

mais voilà, au syphax on se pousse on se cogne on reste debout et on siffle à tue-tête un air inconnu qui nous est resté dans la tête depuis que l'on se l'est accaparé sans s'en rendre compte en passant devant un club obscur de pigalle la blanche.

on sifflote on sirote on rigole un peu on fume on parle anglais avec casey l'américain séropositif et l'on se dilate lentement l'air de rien dans une joie hermétique et sereine.

- and do you like parisian way of life ?
- mmm... je vais aux chiottes
- what ?
bruit de pas s'éloignant..