Dostoïevskiesque

Malgré les flocons virevoltants qui perlent du ciel blanc crème, malgré ce torrent étourdi de pétales de lait, malgré cette nature défaite de l'immobile par cette blancheur joyeuse et soudaine, le froid crispe toujours le sang qui coule dans mes veines, m'engourdit et me resserre dans ses bras, me caresse de ses griffes d'acier glacé et noircit le regard des passants.

La vraie folie, c'est celle qu'on ne revendique pas, celle qui éclate à chaque instant dans les yeux, les sourires, les mots décalés, c'est surement celle qui torture et ébouillante nos âmes de powêtes, c'est surement celle que notre société veut éteindre, c'est surement dans l'art qu'on aura la réponse, regardez la société devenir imbuvable, voyez les hommes se contenter d'être des âmes misérables.

L'humain surement ne s'aime plus, pour devenir si blâfard, qu'a-t-on fait de si repréhensible? Pour qu'un Dieu quelconque nous prenne pour cible?
La création est devenue abus de techniques, la philosophie d'aujourd'hui s'intitule "critique", l'art se perd dans la recherche de la performance qui n'a plus rien d'unique.

Le mystère n'existe plus, on sait ce qu'il se passe à l'autre bout du monde, internet a enlevé de nos rêves la part de fantastique. Et l'aube n'augure en rien de découvrir un peu plus chaque jour quelque élément mythique.

Vivement le XIXe siècle.

Holorimes lorsque l'on déboucha en Champagne avec Igor, Marc et Füzesséry

J'ai perdu mon dentier
J'ai peur du monde entier

On était des nuages nous
Honnêtes dés nus, à genoux

Julie vers 7 ans m'appela
J'eus l'hiver, cette âme à plat

Certes, un curé en a vendu plein
Certains culs, raies en avant, dupent l'Ain

Une va chez Léonore, l'autre est prise par Loeb au vin
Une vache ailée honore l'autre, éprise par le bovin

Portraits...

...ou le narcissisme

Cela aura-t-il une fin?

Si vous n'avez que faire de vos vingt ans, donnez-les moi!

***

J'ai envie d'un soleil rouge
D'une mer plate et bleue d'azur
D'une plage dorée sur laquelle tu t'allonges
Et tu m'attends dans tes songes passionnés
Je te vois amoureuse et je respire de joie
Une bouteille de rhum vide a glissé de mes doigts
Désormais, je m'enivre de toi
Sous un ciel écarlate
Nous mélangeons nos âmes
Et le monde n'existe plus.
Ton sourire éclipse le soleil
Et je contemple la vertu de notre insouciance
Le nectar vermeil de nos extravagances
Détachées, envoûtées, fascinantes
Comme une langue fluorescente
Dans la foule il y a Lucie
Une étoile au milieu des passantes
Bonne nuit...

Les 4 chansons

Par tous les bosquets, les champs et les forêts
Tous les ruisseaux, les collines et les plaines
S'échappait en chuchotant
Une douce et mystique mélodie de printemps

Par les longues plages, les rochers, les récifs
Les déserts arides, les vastes savanes
S'évaporait, tachetée
L'onctueuse mélopée d'une comptine d'été

Par les vents, les bourrasques ou les embruns feutrés
Leurs robes orangées, le soleil rougeâtre
S'élevait comme les hommes
La brune floraison d'une chanson d'automne

Par les monts angéliques, neiges furieuses, banquises
Constellées par des reflets étoilés
S'envolait, sobre et amère
La mélancolique symphonie de l'hiver
Il faut vivre chaque jour comme si c'était le premier

Cadavre exquis with Charles Du Christ

Mon sexe
s'est sacrifié
avec ambiguïté
sous un soleil de plomb

L'étalon noir
suffoqua
sans prétexte
il y a presque 2000 ans

Une prune
s'enivre
dans un capharnaüm inconcevable
avec l'impatience de l'homme qui veut chier

Un ange
hurluberluesque
cria
sans discontinuité
le long de la muraille de Chine

Un clochard
farfelu
se masturbe
avec amour
dans un vieux placard

L'artiste
maléfique
caresse
avec roublardise
une pluie d'étoiles

Le joint (by Cécilou Lou)


Verte, sèche ou grasse, la beuh est dans le joint
Allumé ou éteint il donne toujours envie
Inutile de demander
Il est toujours allumé, prêt à être fumé
Sans toncar ou marocco, tautologie à part
Il se fume avec entrain
Tel est mon dessein, le joint
Détendu ou enjoué, ses effets sont variés
Rarement inespérés mais bien désirés.

Rêve d'automne


J'ai bu du whisky avec Arthur Gordon Pym
En Célimène, j'ai joui de tout ce qui me brime
Les tressauts de ses reins étaient devenus mon hymne
Aux des yeux des mortels, Dieu, de moi, n'était qu'un mime

J'errais seul, tout-puissant, la lune m'était intime
Le soleil, sur ma joue, traçait un fil infime
Me fit ouvrir bientôt des yeux fades et infirmes
C'est un matin d'automne, le vent dénude les cimes.

Hiver

Le gris pesant des lourds nuages
fond jusqu'au bas des rues claires
s'étend peu à peu dans l'air
enfume nos pensées sauvages.


Et nous marchons
avec peine l'hiver
étouffés par ses fruits amers
chacun sa sphère
chacun son désert
chacun son coin de la Terre.


Le fouet cinglant du vent
grandiloquent insolent
sonne l'heure du calvaire
pour toutes nos gens bien-pensantes,
et lacère nos fines paupières
pour voir nos yeux baignés de sang.


Par les allées du parc de Diane
les arbres, de leurs griffes acérées
font crisser nos souvenirs d'été
dessinent le tableau profane
de l'hiver sans gaieté,
et fredonnent une frêle beauté.


Sous cette atmosphère épaisse
les feuilles souffrantes se meurent
décorent les chemins les sentiers
comme des fleurs sur une tombe
celles dont les saveurs orangées
crépitent follement sous les orages
d'une marâtre écervelée
par le chaos de la pénombre.


Les craquements de l'amertume
qui remplit les larmes l'hiver
éclosent sur l'écorce brune
des arbres morts comme des pierres,
et sous nos pieds endoloris
ces froides braises de saison
me réchauffent mollement les yeux
mais n'attisent que mes frissons

Réminiscence de flamboyance
d'une faune
orangée jaune
ce fragile habit
tisse autour de mon coeur
une singulière mélancolie
qui serpente avec grande ardeur.


Du blanc des yeux de cette vipère
s'échappe une larme argentée
malicieuse aussitôt gelée
par le zéphyr austère
soufflé de la bouche de l'hiver
d'où je compose mes misères.

Jack mess


"Faut que tu re-poses avec AtomX, et que tu trouves une meuf sur Paris" Dixit le Nain.

-Non!... Enregistrer de nouveau avec AtomX d'accord, je veux bien, j'en suis même impatient. J'ai, à vrai dire, quelques gouttes de rage corrosives qui perlent au bout de mes crocs et qui ne demandent qu'à ronger le squelette de cette société à chair grasse.
Cependant, "que tu trouves une meuf sur Paris", non. Je trouve plein de filles sur Paris, belles, moches, intéressantes ou non, des filles qui restent des filles en somme.
Beaucoup de gens de tous les sexes et de toutes les sexualités. Des rencontres, futiles ou drôles, des foules, une ville, Paris, son chaud RER, le cruel destin de ses trottoirs, Versailles, Le parc de Diane et des bulles de société mélangées de façon peu harmonieuse.
Paris, c'est beau et c'est étroit, c'est vivifiant puis épuisant, impressionnant puis pollué. Voilà ce que je mets dans une phrase contenant "Paris". C'est un monde, une capitale parfois extravagante, un dépaysement assuré pour moi. Un monde à part, éloigné du bruit des vagues qui se brisent généreusement sur les plages et les rochers bigoudens, éloigné des calmes nuits où nos songes sont bercés par ce chant folklorique, rythmé par le doux fracas des grains de sables qui pétillent sous les assauts de la mer. Tout aussi loin des gargarismes du ruisseau qui sillonne mon (ex) paysage quotidien et de la puissante violence du regard des perfides vaches qui parcourent les champs alentours.

Paris, le ville où j'étudie, me dit-on, les Lettres, où l'on me prépare à vivre, à faire acte de présence et jouer un rôle dans la pyramide sarkozique.
Mais... Ce que je fais le mieux, du moins ce que je ne peux m'empêcher de faire, ce qui rythme ma vie jusqu'à présent n'est que du domaine de l'inutile puisqu'il s'agit du rêve.
Rêver.
Et dans ce monde impitoyable, dans notre culture moderne, dans notre société intéressée, rêver c'est un acte d'absence. On ne vit pas physiquement et socialement de rêves. Donc je suis condamné à ne pas vivre. Je m'engage à vous prouver le contraire, même si ça prend une vie, même si ça tue une vie. A bon entendeur, à bientôt.