Je suis venu te dire que je m'en vais


La renaissance haschichine désormais se fera par tradition orale qu'on se le dise mes voiles s'essoufflaient je m'en vais donc comme j'étais venu et comme je quitte Paris pour un moment je quitte cette escale rouge à jamais sur le quai du dernier port où se sècheront les bavures de mon encre d'écume je laisse ces derniers regards en attendant que le chemin de terre m'emmène vers le Finistère je prends ma powêsie et m'en vais sans rien dire si ce n'est qu'à l'avenir nous nous retrouverons dans quelque libraire où au hasard d'une rue pour parler de la vie et du monde qui choit c'est promis


maintenant les yeux morts hélas oui je vous quitte
tandis que mes pas mornes suivent l'inconnu
le lieutenant se saborde et saigne sur la crique
quel mois spécial alors ce juin que j'ai vécu
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ADIEU
ADIEU

ANTI-STYLE

Si l'heureux cueille et avance à grandes foulées pour mieux tomber de temps à autre, il ne sera qu'une vulgaire œuvre de jeunesse à l'instar de l'ensemble de mes écrits poèmes et articles ici postés et encore gorgés de certains clichés tenaces ou claudiquant par quelque négligence stylistique ou penchant regrettable pour tout ce que tout le monde a toujours voulu.

Maintenant, le style, le vrai, universel c'est impossible, mais le style éclatant qui rouvre grand les portes de la poésie et de la perception que l'on avait plus. non pas celui hermétique ou dit trop élitiste pour que l'on n'y décèle guère l'homme qui se regarde écrire mais le style où chaque obstacle est franchi et affranchi avec aisance et où subitement les vers explosent comme un flash sorti des profondeurs de la nature. Le style qui donne le premier émoi qui recrée comme chez Bonnefoy la vision de l'enfant mais non pas enfantine du monde géant qui soudain s'illumine.


Le style et pour cela la purge la vidange le dégraissage le nettoyage propre et net d'abord du vers qui est le mien. Accoucher de l'horrible et dénaturer le vers pour y mettre tout ce dont d'habitude il s'écarte. Racler la cuve poétique de toutes les moisissures que ma plume depuis trop longtemps nourrissait sans scrupules. Redevenir l'amoureux de l'instant et revenir au vers nouveau se fait dans les larmes et les soupirs demandez à Maupassant pour qui n'est pas né dans une lampe qu'aurait frottée Wilhelm l'ancien plombier.

(d'abord lutte dispute et soi-même engagé dégager comme forçat d'une traite enfin pour y finir seulement qu'une fois peut-être sera là suffisante belle ou pas exécrable sinon vaine pour qui les yeux ralentissent dessus ces quelques pierres séchant infiniment puis et j'aurai ma part terminé parce que les pouvoirs de naître avant sera dès l'or nouvellement incarné d'été l'esthétisme)

Pour ce faire sans encombres c'est un recueil ainsi qui va désannoncer tout ce que sera plus tard ma poésie un recueil en guise de fosse ou de vide ordures ou seront déversés tout simplement mes relents dégoûtants d'humanité platement sophistiquée ; pas de meilleure formule n'est-ce pas ? je vous aimais.

Ce sera comme un recueil travaillé par les mains malhabiles d'un apprenti charpentier qui ne sait pas écrire, ce sera la dénaturation du vers et l'assassinat du poétique, cela sera l'anti-style.

la clope de 22h43

elle au moins, n'en a pas après mes cheveux

le baiser des roses


Le manque

Déjà que le soleil s’en est allé chez des gens sombres
Alors que dans ma chambre il n’y a ni lueurs ni ombres
Les corbeaux sous la lune déambulent en croassant
Et couvrent tous tes mots qui vont se noyer dans l’étang


Je ne vois que ma peine qui m’appelle de surcroît
Plantée comme une lame invisible dans la paroi
De la nuit maturée par une lune timorée
Où se cachent des souvenirs mauves déshonorés

L’étreinte manquée de nos voix s’est ancrée dans mon rêve
Cette calèche ailée qui a perdu toutes ses fèves
Ne transporte qu’un laconique filet de pensées
Dénué de tous les charmes qui dans nos yeux dansaient

Des giroflées kaléidoscopiques maintenant
Se gonflent et se dissolvent dans mon noir plafond ronflant
L’heure est alors hilare pour l’opportuniste diable
Qui prit entre ses dents mon cœur et l’incendia bleu

J’étais jeté taiseux à des mondes démoniaques
Démuni j’errais seul sans aile et sans ammoniac
Sans aucun autre ersatz que l’image de ce seul feu
Ce seul doux feu paisible qui m’arrache au monde hideux

Eloge de la paresse - prologue


Paris vous apprend l'art de se glisser subrepticement derrière la plus belle fille qui paiera votre transport avec les communs.
je vous ai vu faire dit la jupe rouge dans un accent allemand suffisamment faible pour qu'il en devienne charmant, je suis innocent suffit à provoquer l'éclat de rire des trois valseuses d'outre-rhin. péronnelles.

au commencement était le bar le syphax, ligne 12 métro notre dame de lorette sortie rue chateaudun, une longue rue parcourue par des chauffards à gyrophares bleus allant tout azimut. le syphax donc, modeste et Nième bar où la porte des toilettes reprend l'inusable paire de panneaux battants qui faisait tout le rustre chaleureux du saloon de lucky luke.

mais voilà, au syphax on se pousse on se cogne on reste debout et on siffle à tue-tête un air inconnu qui nous est resté dans la tête depuis que l'on se l'est accaparé sans s'en rendre compte en passant devant un club obscur de pigalle la blanche.

on sifflote on sirote on rigole un peu on fume on parle anglais avec casey l'américain séropositif et l'on se dilate lentement l'air de rien dans une joie hermétique et sereine.

- and do you like parisian way of life ?
- mmm... je vais aux chiottes
- what ?
bruit de pas s'éloignant..

frustrations et fleuves lents

Un jour d'orage saignant
nous accueilliions les oiseaux
et les amantes
et le tonnerre oh cri radieux
par les volutes s'égarait je murmurais à
la fenêtre ces paroles rondes
mais enfin l'enfer frisait-il la folie ?
*
Sur mes cheveux tu te balances dans le
lustre
oui madame ses chevilles et le plafond
l'après-midi tout à coup commença puis finit
dorénavant nous ne nous suspendrons plus aux lustres
mais aux ombrelles
*
Paradoxalement si la chair du paon est imputrescible
l'humaine mollasse déshabille son sein qui
s'effiloche en volutes irisés par la brume cristalline
alors que son regard charnel s'incarne et
s'avance à travers votre chair contractée
*
L'abysse chaleureux de sa chair s'ouvrait pour
nous autres, sacrifiés pour le spectacle
mais la rougeur des plaies restait suspecte
ah mais ! pourtant ! ne pas s'en faire
lui enfourner sinon rien
désormais
veilleur, valeureux combattant
j'arrive
, nu, pendant que
l'ombrelle est en feu
*
l'or fondu qui s'étale
m'excite
et m'invite au delà de la
pénombre tacite qui sue à
grosses gouttes vénales
dans l'air, éparses et parsemées
le long de ta colonne et des
creux érogènes cachées dans
ton corps hallucinogène
ma belle
ma seule
liqueur
exotique ma barque
féerique
la nuit
sous la lune

la clope de 17h09

J'ai un problème, je suis d'accord

vacaciones

- Yo
- Yo
- Il est quelle heure ?
- 16h30
- sucré ou salé ?
- sucré
- ok
17h00 :
- il reste deux feuilles
- et plus qu'une clope
- qu'est-ce qu'on fait ?
- =)
- =D
17h30 :
- On se mate un épisode de cowboy bebop ?
- vas-y
MUSHROOM SAMBA !
18h00 :
- c'est chaud pour Nadal, il perd
- tant mieux, ça va devenir intéressant
18h15 :
- c'est bon j'ai les yeux ouverts
18h30 :
- j'ai des M&M's, ça va être une journée saine
18h31 :
- une soirée !
...
- il est quelle heure ?
- pffff, je sais pas
Que dit-on que le temps passe vite quand on s'amuse, que le temps c'est de l'argent, que l'amour n'existe pas, que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, que les soupirs sont malpolis, que le monde tourne en rond, que l'on ne pense qu'à soi, que les frontières sont tracées, que le jour et la nuit sont différents, que les rêves n'ont pas d'importance, que le soleil éclaire, qu'il n'y a que des toits inaccessibles pour les communs, qu'il y a des communs, que c'est la crise.
Je dis que l'or n'existe pas, que la vie n'est pas un mot, que le temps répand l'art et son arme est l'amour, qu'il est universel d'être seul, qu'il est précieux d'être lent, que la lune et le soleil sont confondus en poésie, que le vieil inconnu est une icône lettone (cf Alnis Stalke, Broken line) que Mallarmé ne pouvait qu'être planqué, que la photographie déjà se paralyse, que l'âcre irise autant que l'astre et que la crise n'est qu'un mot plein de ketchup qu'on passe de bouche en bouche pour avoir le goût du monde, que les voyants s'éteignent, que les voyantes apparaissent enfermant toutes les muses dans une boule de faux cristal.
jah so fon
dadou

incendie rue meurein

au clair jour de printemps
lille ouvre ses bras amples
et brûle les goudrons
les tabacs et les temples
à l'aube vers 16h00
la rue respire enfin
de souffre et de chaleur
de soleil vert et fin
la brise est attendue
cette soirée arrache
au monde les enfers
une brise se passe
et envole les feux
les cendres et les glaces
qui parcourent les cieux
et les badauds se ruent

aux fenêtres très proches
à l'improbable vue
d'un lapin qui s'égorge
et crie sur tous les toits
que ce soleil immense
résorbe mes souvenances
de ces mêmes trottoirs
et ces mêmes errances
à espérer le soir
délacer des avances
à l'ombre des platanes
surgissant dans les coins
où les rues sont perdues
les briques restent rouges
au bout de l'avenue
rouge non ignifuge
où s'écourtent les pas
les mots et puis les rires