Vince & James
- Fais-moi confiance Vince puisque je te dis que c'est par là.
- Va te faire foutre James j'en ai assez de tes conneries! et puis j'monterais pas dans ta caisse! En plus j'aime pas les porsche. C'est moche.
- Putain de dieu! t'y connais rien laisse-moi te montrer quelque chose que t'as encore jamais connu.
- Vivre à fond, mourir jeune, faire un beau cadavre. Je sais je la connais ta devise farfelue James, t'es qu'un inconscient borné.
- Merde Vince t'as perdu la fureur de vivre ou quoi?
- Surement pas! Mais là maintenant avec ton baratin j'ai perdu ma sérénité, j'me casse. J'vais m'acheter une pizza.
- Ouais.. Défile-toi espèce de faux-jeton.
- ... (s'allumant une clope) je préfère me défiler devant la bêtise, la vie m'attend et la décevoir ça ne fait pas partie de mes plans.
- Tu te prends pour qui Vince? Un mec qui connaît la vie avant de l'avoir vécue?
- Au contraire, mais moi je veux la vivre jusqu'au bout t'entends? Et mon instinct de survie me dit d'aller bouffer. La débauche attendra.
- Tu perds ta fierté Vince, la vie elle s'offre à ceux qui ont des couilles, elle s'offre aux grands hommes, j'ai plus de temps à perdre avec un mec qui sait pas ce qu'il veut, regarde moi Vince!
- Arrête James, la route de la gloire on la monte pas comme l'escalier de sa terrasse sous prétexte qu'on se croit tout permis, on a des comptes à rendre dans ce monde, j'ai perdu aucune fierté, ma dignité c'est d'être lucide quand il le faut! Hasta luego ami, il est écrit que nos chemins se croiseront au sommet, pas avant. J'en suis convaincu désormais. (et il s'en va)
-...Qu'est-ce qu'il faut pas entendre! Tu pourras rester lucide autant que tu veux mais l'essentiel est invisible pour les yeux Vince, ne l'oublie pas. (soupirant) Putain d'jeunesse en désarroi..
Plèbe
par milliers coloraient les ruelles
mais déjà je m'ennuie de cet âge bien léché
qui lézardait ma citadelle
Le silence déglutissait un air abyssal
les lustres alors s'y envolèrent
par-delà le nuage spectral
dramatique voleur de pensées
mes rêves ici se sont rompus
sur le clapotis de l'écume magistrale
brûlant les pattes des goélands perdus
muselant leurs becs de cristal
depuis toujours la foule est comme une lame
se brisant dans moult éclats de sable
les yeux emplis de mélodrame
et lorgnant avec envie
sur les fruits pourris dans les étables
la clope de 00h14
Qui sera Allier dans 10 ans?
Une âme écorchée par la société vengeresse qui n'a de cesse d'enfanter des chiots aveugles.
Un homme avec une copine? Non non non jamais voir chez l'ovni bleu.
Immortel ad vitam
Si l'on adhère à l'univers d'Enki Bilal, ensemble on cherchera l'intrusion.
à voir alors.
La clope de 23h23
Cet éphémère bureau
La Révolution des jacinthes
Elle se pâme, aguicheuse au milieu des yeux bleus
Ses pétales s’époumonent. Qui l’eut cru ?
Qu’une jacinthe aphone eut pu crier sa mise à nu
La voilà fière demoiselle de son air dédaigneux
Qui rugit de plus belle à l’appel des cieux
Eclatante d’espoir elle hèle ses compagnes
A réclamer vengeance de cette mise au bagne
Les jacinthes déterminées s’en allèrent vagabondes
Pour enfin reconquérir leur époque et leur monde
Il n’en fallait pas plus pour que de nouveau il s’attise
Ce nain de jardin décidément voyait toutes les jacinthes grises
Dans cette bataille chiffonnière toutes nos amies périrent
Et le nain, joyeux drille, brandit une fleur de lys.
D'après une idée originale d'Igor Tosk
Mais à quoi correspond-ce?
Kersauz
J'espère par ce moyen atteindre le fond d'votre coeur
Et magiquement, le virtuose homme Kersauson empala le lyrisme de damoiseau fougueux dans un élan simplement naturel et d'un burlesque éclairé, par deux alexandrins "guimauveux" instantanés..
La brutalité de la poésie à l'os est le plus beaux des cadeaux que l'on ait pu faire au roman, Mr de Kersauson y était pour quelquechose quand par ses mots aigus et graves, ses paroles léchées et brut, il agrippe le coeur du lecteur à pleines mains, pour le balancer là, au milieu de l'océan de l'art, l'art de vivre.
"Ocean's Songs" de Kersauson
Quand Le Soir.
Quand je rentre chez moi l'hiver au soir
s'il est déjà 21h
la nuit alors a avalé le globe et mon chemin sillonne à travers le parc
revêtu d’une couverture blanche écarlate et luisante
dans l’air nivéen flotte une brume argentée
s’élevant au dessus du sol
comme si l’âme de cet endroit magique venait nous visiter.
J’avance à pas feutrées sur ce sol mousseux et papillotant
laissant les traces de mon passage comme des parcelles d’ombre dans la blancheur immaculée
échos des astres qui saupoudrent l’aube nocturne.
Je parcours l'allée bordée de grands platanes effeuillés
en pensant qu’à chaque instant je pourrais me réveiller
mais j’inhale goulument des bouffées de vie à chaque nouvelle inspiration
pleine de beauté
de délices glacés qui coulent sur mes lèvres et remplissent ma gorge comme un formidable élixir d'immortalité
et les étoiles frétillent comme des pensées qui flottent au dessus de la ville endormie
ou comme des rêves, et chaque étoile est une personne qui dort déjà profondément.
À l’heure où le soleil a l’œil clos
le froid souverain s’adoucit et devient amical, charnel et agréable.
Je passe ma main dans cet océan crémeux et limpide de cristaux laiteux et flamboyants
puis je la pose calmement sur ton buste
irrésistiblement attiré par cette endroit où tu loges une partie de mon âme..
Sognatore
les rayons pâles se reflétaient
dans les gouttes de pluie qui ne tombaient plus
alors j'erre sur le pont suspendu à l'envers
englouti dans mille sensations interdites
et une flopée de mains s'attache aux fils de mes pensées
déjà évaporées en nuages d'eau bénite
et dans une brume transparente à l'épaisseur opaque
surgissent dévorantes couleurs écarlates
qu'on lançait du haut des falaises de l'Eden
dans des dithyrambes adressés à l'horizon rouge vermeil
cette ombre fuyant notre ciel orphelin
comme un fier cavalier dansant éreinté
qui attrape avec peine le bout de son destin
dans un souffle éraillé de condamné
les palabres des sirènes s'harmonisent à la nuit
qui fait briller ses astres dans les yeux du gardien de phare
il n'y aura plus aucun soupir
ses paupières se déposent sur desténèbres ensevelis
quand le phare en sursaut reprend vie
éclaboussant l'instant qui m'arrache à l'obscurité
il sognatore apre gli occhi
Deux mille neuf
Deux mille neuf nous amena ensuite au Renouveau, moi et mes sens embrumés -nous traînions à bout de bras un esprit drogué, endormi et gangrené par une haine inextinguible envers le froid glacial autant que les accolades collectives excessivement généreuses et orchestrées par des inconnus sortis de nulle part- dans une peinture de bacchanale où lumières musique et alcools étaient réunis en excès eux aussi, par le foutu prétexte de l'arrivée tant attendue de deux mille neuf.
A peine avais-je eu le temps d'égayer l'atmosphère banale et plate que distillait deux mille neuf par une communion avec un cône embrasé qu'un nid d'enfants de la fin du siècle dernier m'apprit que deux mille neuf était passé chez eux avec beaucoup plus d'envie et de chaleur que dans cette ambiance de gaieté qui sentait le souffre, c'est ainsi que l'on commença deux mille neuf, à mille lieues du réel mais repoussant le sommeil toujours plus loin, dans une intempérance voluptueuse enthousiaste et aveugle, nos yeux se fermant sur la vue d'une mer jaune orangé et pleine de fruits, cette mer qui déjà noyé les premiers rêves de deux mille neuf..