Songe haschichin (poème baudelairien)


Rage délicieuse, caveau bourgeois
Halo renégat de la mort
Où les fleurs maladives nous toisent
Des parfums pernicieux du sort

Funeste jouissance du remords
Bruit sourd du crissement des ardoises
Qui rongent nos stupides corps
Opacifient nos âmes sournoises

L'âpre perfidie du festin
Réunissant haine et chagrin
Des noirâtres muses déchues
Enfante la plèbe de nos rues

Le charisme suave de l'enfer
De ses lourdes chaleurs indécentes
Sulfureuses lèvres incandescentes
Embras(s)ant nos coeurs de chimères

Séduit aisément les rivières
Qui rougissent notre chair fumante
Pourrissant sous les heures rampantes
Diaboliques mères de nos misères

L'amour sacré des viles vertus
Avale l'éponyme plaisir cru
De la vie, immonde catin
Lassée de fuir l'infâme destin

Le râle abject de la nuit
Recouvrant la sombre forêt
Dans un flasque et noir incendie
Appelait les hommes aux méfaits

Voluptueux fruits empoisonnés
De la vie les charmes rancis
S'évaporent dans une brume dorée
Dorée par les yeux de Lucie

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