Hiver

Le gris pesant des lourds nuages
fond jusqu'au bas des rues claires
s'étend peu à peu dans l'air
enfume nos pensées sauvages.


Et nous marchons
avec peine l'hiver
étouffés par ses fruits amers
chacun sa sphère
chacun son désert
chacun son coin de la Terre.


Le fouet cinglant du vent
grandiloquent insolent
sonne l'heure du calvaire
pour toutes nos gens bien-pensantes,
et lacère nos fines paupières
pour voir nos yeux baignés de sang.


Par les allées du parc de Diane
les arbres, de leurs griffes acérées
font crisser nos souvenirs d'été
dessinent le tableau profane
de l'hiver sans gaieté,
et fredonnent une frêle beauté.


Sous cette atmosphère épaisse
les feuilles souffrantes se meurent
décorent les chemins les sentiers
comme des fleurs sur une tombe
celles dont les saveurs orangées
crépitent follement sous les orages
d'une marâtre écervelée
par le chaos de la pénombre.


Les craquements de l'amertume
qui remplit les larmes l'hiver
éclosent sur l'écorce brune
des arbres morts comme des pierres,
et sous nos pieds endoloris
ces froides braises de saison
me réchauffent mollement les yeux
mais n'attisent que mes frissons

Réminiscence de flamboyance
d'une faune
orangée jaune
ce fragile habit
tisse autour de mon coeur
une singulière mélancolie
qui serpente avec grande ardeur.


Du blanc des yeux de cette vipère
s'échappe une larme argentée
malicieuse aussitôt gelée
par le zéphyr austère
soufflé de la bouche de l'hiver
d'où je compose mes misères.

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