Le manque

Déjà que le soleil s’en est allé chez des gens sombres
Alors que dans ma chambre il n’y a ni lueurs ni ombres
Les corbeaux sous la lune déambulent en croassant
Et couvrent tous tes mots qui vont se noyer dans l’étang


Je ne vois que ma peine qui m’appelle de surcroît
Plantée comme une lame invisible dans la paroi
De la nuit maturée par une lune timorée
Où se cachent des souvenirs mauves déshonorés

L’étreinte manquée de nos voix s’est ancrée dans mon rêve
Cette calèche ailée qui a perdu toutes ses fèves
Ne transporte qu’un laconique filet de pensées
Dénué de tous les charmes qui dans nos yeux dansaient

Des giroflées kaléidoscopiques maintenant
Se gonflent et se dissolvent dans mon noir plafond ronflant
L’heure est alors hilare pour l’opportuniste diable
Qui prit entre ses dents mon cœur et l’incendia bleu

J’étais jeté taiseux à des mondes démoniaques
Démuni j’errais seul sans aile et sans ammoniac
Sans aucun autre ersatz que l’image de ce seul feu
Ce seul doux feu paisible qui m’arrache au monde hideux

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