Dimanche

j'entame un journal intime du ciel et une cure de sommeil appelée à me rendre mon aspect vivant. Je vis mais je dévie car tout autour de moi les choses prennent une tournure toute autre, je regarde sans vraiment voir alors que les autres parlent et que je n'y vois guère d'intérêt, je me demande ce qui les pousse à parler du carnaval de Mayence, de la "Prussie", des gosses qui n'aiment pas le poisson, le tout en mangeant des complètes froment et en prenant des photos. Et moi je suis là -pensent-ils- à faire les yeux doux comme le cidre sait, et puis acquiescer pour que ça passe plus vite, car la nuit m'a été en partie ôtée..

Alors que je ramasse les cartes après un énième échec à la réussite, je m'aperçois tout haut que la nuit tombe plus vite qu'on ne le croie et ce sans crier gare, Mère-grand réplique que l'on ne peut plus faire confiance à personne, comme d'habitude j'acquiesce car je n'ai pas d'ennemis alors que l'on sait tous les deux que l'on se trompe comme tout le monde o tempora, o mores. Après m'avoir appris que diplodocus signifiait double poutre et que fluctuat nec mergitur voulait dire qu'il est battu par les flots mais ne sombre pas et que cela contenait donc une note d'espoir, elle perdit une nouvelle fois au solitaire.
- Gaël, si tu étais très amoureux tu me le dirais?
- Bien sur
- ...
- ...
- ...
- Tu es sûre que ça marche avec la règle des 2 cartes?
- Mais ouiii zigomar! En parlant de ça je vais faire des oeufs, c'est comme pour les jumeaux tu comprends.
- ??? ouais... J'abandonne. D'ailleurs Lucie a une soeur jumelle.
- Mais qui sont ces jeunes gens?
- Il y en a une qui ne passe pas inaperçue, et l'autre c'est sa soeur jumelle.
- Une vraie ou une fausse?
- Fausse, encore heureux.
- Ah, des dizygotes.


Évidemment, une fois qu'est apparue la nuit c'est un peu de pluie qui la suit, triste saison, les routes vides, les lumières éteintes, les familles devant les postes où sont faussement narrées les guerres et par ces petits rectangles lumineux baudelairiens je vois que l'on s'ennuie. ILS s'ennuient,et moi par la fenêtre je vois déjà le ciel renaître car ils y pensent tous trop fort, ils aimeraient voler sans efforts, et ce sont tous leurs songes morts qui parcourent toutes les nuées d'or et les brumes blanchâtres qui sous leurs apparats scélérats font respirer de toute leur force le noir infini de ces firmaments sans limites

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