Une plume qu'on dirait chevrotante parce qu'elle exerce dans un train

A présent le monde est noir
coupé de nous par sa peur à coup sûr
on s'occupe de soi et rien d'autre
c'est un peu triste
plus le soir est noir comme le monde
plus le train s'agrandit par les miroirs de ses fenêtres
les occupants rivés sur leur mort incertaine
certains moins efficaces dans leurs efforts de discrétion
elle, c'est sûr
n'a pas d'effort à faire
pour qu'ils susurrent
à l'oreille de son frère ou de son père
qu'elle est jolie et pure
j'ai surement l'air comme eux
misanthrope
obnubilé par sa feuille et son stylo
alors que je cherche à me décaler je cale
elle a la main posée sur sa jupe en fleurs
et continue sa vie sans regarder ailleurs
elle n'a pas voulu de la fenêtre
étrange égérie
les esprits sont fermés mais elle n'en fait pas partie
elle est dans le même train qui va draguer Paris
elle est beaucoup trop près pour que je ne l'écrive
et même si "dieu" le veut se peut-il qu'elle me lise
alitée dans un coin secret de la banquise
ses yeux curieux et justes je les veux électriques
mais comme chacun le sait
la lune est inconnue par les abîmes esthètes
elle s'en va dans les rues sans daigner vous connaître
elle vous abreuve d'images et de parfums
brisés sans distinction par des gueulards sereins
et comme à chaque ligne mon ami se plaint
on croirait que la vie ne comble aucune faim

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